Pingouins en Méditerranée : que se passe-t-il ?
Dernièrement, une arrivée massive de pingouins torda (Alca torda) a été observée à très grande proximité des côtes de toute la Méditerranée française. Nombre d’entre eux étaient visiblement épuisés et plusieurs spécimens ont été retrouvés morts. Les agents du Parc naturel marin et ses partenaires ont suivi ce phénomène.
Une arrivée massive d'oiseaux
Les pingouins torda passent la majorité de leur vie au large, en Atlantique Nord. Tous les ans quelques individus viennent se réfugier durant l’hiver en Méditerranée occidentale.
Leur observation, au large des côtes, n’est donc pas rare en Méditerranée. Ce qui est exceptionnel est :
- le nombre très important d’individus observés ce mois de novembre 2022,
- les lieux d’observation : à moins de 300 mètres des côtes et dans les ports - port d’Argelès, de Port-Vendres et de Collioure par exemple.
Parallèlement, une autre espèce d’oiseau pélagique - la mouette tridactyle - a également été observée massivement sur tout l’hexagone (sur les côtes et dans les terres) alors que cette espèce est uniquement observée au large des côtes.
Des animaux fatigués
L’apparence des plumes, la position des ailes sur le corps de ces spécimens de pingouins (capables de voler), ainsi que les lieux d’observation inhabituels (dans les ports) ont été les premiers signes d’une importante fatigue des animaux observés.
L'état de fatigue ainsi que les mortalités observées (14 individus d’Argelès-sur-Mer à Banyuls-sur-Mer, 4 en Corse et 8 en région PACA) ont amené les équipes de surveillance à faire réaliser des tests de grippe aviaire : tous les résultats des spécimens testés en Méditerranée s’avèrent négatifs.
L’hypothèse actuelle la plus probable est que les individus auraient été « poussés » vers la Méditerranée par les fortes tempêtes en Atlantique cet automne. Ces intempéries, couplées à la morphologie de cette espèce (de très petites ailes) auraient demandé beaucoup d’énergie à ces oiseaux, qui seraient arrivés épuisés sur nos côtes.
Un tel phénomène aurait déjà eu lieu en 2009 avec une arrivée massive, mais sans les mortalités.
Un réseau national de surveillance
Les premières observations de pingouins torda ont été reçues par le réseau SAGIR. Ce réseau participatif a pour mission la veille sanitaire de la faune sauvage. Il s’appuie sur le volontariat et est administré et animé par l’Office français de la biodiversité dont fait partie le Parc naturel marin du golfe du Lion.
L’expertise des agents qui le constitue a permis de rapidement mettre en place un protocole de suivi de ce phénomène.
Localement, ont collaboré activement au suivi de ce phénomène :
- les services de l’Office français de la biodiversité (service départemental 66 et Parc naturel marin du golfe du Lion de la Direction Occitanie),
- la Réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls (Département des Pyrénées-Orientales),
- le Groupe Ornithologique du Roussillon.
Si vous observez un pingouin mort ou épuisé
Des spécimens de pingouins torda sont encore présents dans nos ports et près des côtes. Si vous observez un pingouin torda mort ou à proximité des côtes :
- Ne le touchez pas. Bien que les tests de grippe aviaire soient négatifs, ils sont potentiellement porteurs d’autres maladies et restent des animaux sauvages.
- Signalez votre observation en donnant les informations suivantes : lieux, date, heure et en ajoutant une photo si possible à :
- l’Office français de la biodiversité / Service Départemental 66 (04 68 53 01 81)
- ou au Parc naturel marin (07 85 71 38 99)
Si vous observez ces animaux, d’un naturel craintif, ne les approchez pas et évitez tout dérangement. Le comportement de fuite qu'ils vont avoir leur demandera beaucoup d’énergie.
Pour en savoir plus
- Le réseau SAGIR
- Les pingouins torda
- La mouette tridactyle