Consolider la réglementation pêche de loisir

En février 2024, un arrêté, deux arrêtés encadrant la pêche de loisir au sein du Parc naturel marin du golfe du Lion et du Parc national des Calanques ont été adoptés par la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (DIRM) et le préfet de région Provence Alpes Côte d'Azur. Cette nouvelle réglementation répond à un double objectif : répondre aux inquiétudes liées à l’état des stocks de poissons et mettre en œuvre les directives européennes. Ce travail a été mené par le Parc naturel marin avec ses partenaires.

Pourquoi mettre en place une nouvelle réglementation pour la pêche de loisir ?

Le plan de gestion du Parc naturel marin vise à adapter le niveau des activités de pêche maritime pour qu’elles soient en accord avec la santé des écosystèmes.

Le nouvel encadrement de la pêche de loisir, voté par les acteurs du territoire en juillet 2023, propose une régulation des prélèvements pour préserver les capacités reproductives de la ressource halieutique présente sur le Parc. Elle répond à des signaux inquiétants d’affaiblissement de certains stocks et sert donc l’objectif de développement durable de l’activité de pêche de loisir sur le Parc.

Plus largement, l’Europe a adopté fin 2023 le « règlement contrôle » qui va demander à tous ses états membre que les pêcheurs de loisir puissent s’enregistrer et déclarer leurs captures d’ici 2028.
Au niveau de la Méditerranée, la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée (DIRM) a souhaité anticiper ce nouveau règlement contrôle en proposant à certaines aires marines protégées d’être pilotes afin que les pêcheurs demandent une autorisation pour pouvoir pratiquer la pêche de loisir, qu’elle soit depuis le bord, embarquée, ou sous-marine.

Sur quelles bases les mesures ont-elles été élaborées ?

Le Parc naturel marin a soutenu financièrement depuis 2014 la réalisation de quatre études scientifiques sur la pêche de loisir.

Ces suivis ont caractérisé :

  • la pratique sur le territoire du Parc (type d’engins, espèces ciblées et capturées, techniques, appât, fréquentation spatio-temporelle, saisonnalité, facteurs d’influence),
  • les pratiquants (profils, perception environnementale),
  • les impacts de l’activité sur l’écosystème.

Ces travaux permettent de rendre compte de l’évolution de la pratique et des captures au cours du temps, et aussi d’identifier les leviers d’actions pour rendre cette pratique compatible avec la préservation des espèces.

Comment les pêcheurs de loisir ont-ils été associés à l’élaboration des mesures de gestion ?

La construction des mesures techniques à visée réglementaire a été est effectuée en concertation sur 2 années avec :

  • les 5 fédérations de pêche de loisir (FFPM, FFMGP, FFPS, FNPP, FNPSA),
  • les scientifiques de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD),
  • l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer (OOB),
  • l'Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer).

La méthodologie de travail fut la suivante :

  • sélection des types de mesures les plus pertinentes compte tenu de l’activité ;
  • sélection des espèces à encadrer grâce aux analyses de rendement ;
  • bibliographie méditerranéenne (française et catalane) sur les mesures de gestion existantes sur la pêche de loisir ;
  • proposition des mesures retravaillées en GT pêche de loisir ;
  • contre-expertise de la proposition par les scientifiques pour s’assurer de la plus-value écologique.

De plus, les gestionnaires de la Réserve marine de Cerbère-Banyuls ont participé aux échanges afin de garantir, lorsque cela était nécessaire, une harmonisation de certaines mesures entre les deux aires marines protégées. La lisibilité des mesures de gestion sur un même territoire sera ainsi assurée.

La réglementation mise en place

Les mesures de gestion s’appliquent à l’ensemble du périmètre du Parc, et à tout type de pêche de loisir.

Les règles retenues pour encadrer la pêche de loisir se déclinent de la manière suivante :
  • La mise en place de tailles minimales de capture spécifiques pour 29 espèces. Ces tailles ont été définies avec les scientifiques pour assurer l’atteinte de l’âge de la reproduction de l’espèce.
  • La mise en place d’un quota total de captures par personne et par jour afin de limiter les 30% de pratiquants qui prélèvent au-dessus des seuils de durabilité. Ces seuils de durabilité fixés par l’OMS indiquent une consommation maximum de 11.7kg/pêcheur/an.
  • La mise en place d’un quota spécifique pour 18 espèces dans l’objectif de limiter la prise des espèces soit les plus largement pêchées et/ou les plus vulnérables, et/ou les plus emblématiques.
  • La mise en place d’un repos biologique pour 5 espèces compte tenu du recoupement entre leur écologie, leur sensibilité et le prélèvement dont elles font l’objet.
  • Enfin, l’interdiction de captures de 3 espèces, deux étant déjà sous moratoire (mérou corb) et la dernière (labre vert) au titre de la précarité de son statut.

Ces mesures techniques ont été définies à la lumière des mesures existantes en Méditerranée dans le souci de garantir un maximum de lisibilité de la réglementation pour les pratiquants entre les différentes aires marines protégées.

Une demande d'autorisation obligatoire

 

En plus des mesures techniques encadrant les prélèvements, l’arrêté intègre une demande d’autorisation obligatoire du pêcheur via une application publique déployée sur d’autres aires marines protégées de Méditerranée (CatchMachine) :

  • Les demandes sont gratuites,
  • leur nombre n’est pas limité,
  • valable l’année en cours.
  • CatchMachine délivrera une autorisation de pêche à présenter en cas de contrôle.

Compte tenu du grand nombre de pratiquants, cette application :

  • facilite la mise à disposition des informations sur les bonnes pratiques et la réglementation locale,
  • permet au Parc de toucher plus de pratiquants ainsi que de suivre plus finement cette activité sur son périmètre au même titre que toutes les autres activités humaines.

Les pratiquants sont par ailleurs invités à renseigner de manière volontaire leurs captures sur la même application. Ces données anonymisées participeront à disposer d’une meilleure connaissance de l’état des stocks et de pouvoir adapter la gestion.

Pour en savoir plus