Découvrir la pêche professionnelle

En Méditerranée, une distinction est faite entre les petits métiers et les autres activités de pêche professionnelle. Parmi ces autres activités sont retrouvées le chalut et la senne tournante (lamparos et les thoniers). 

Pêche aux petits métiers

La pêche aux petits métiers, également appelée pêche côtière ou petite pêche, structure le secteur de la pêche dans le Parc naturel marin car elle regroupe plus de 90% des navires. Les petits métiers sont caractérisés par leur polyvalence tant au niveau des engins de pêche utilisés que des techniques et espèces ciblées. 

Les différentes pratiques sont appelées “métier” du fait de la combinaison d’un engin avec une ou deux espèces cibles. Les engins couramment utilisés sont les filets, pièges (nasses, pots à poulpe) et palangres. Les principales espèces pêchées dans le Parc sont le merlu, pageot, seiche, galet, dorade royale, sole, rouget et poulpe de roche.

Ces activités de pêche sont réparties en 7 points de débarquement du nord au sud du Parc : Port-Leucate, Port-Barcarès, Canet-en-Roussillon, Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer, Port-Vendres et Banyuls-sur-Mer.

Les embarcations ont une longueur généralement comprise entre 9 et 12 mètres et les pêcheurs pratiquent leurs activités essentiellement dans des profondeurs comprises entre 0 et 200 mètres de fond. Les marées sont réalisées près des côtes et ne durent que quelques heures. 

Les pêcheurs pratiquent souvent plusieurs métiers simultanément au cours d’une même journée, ou sur l’année. Certains ont une activité mixte côtière et lagunaire, tandis que d’autres sont aussi conchyliculteurs, à Port-Leucate notamment.

Pêcheur petit métier - Leucate

Pêcheur petit métier

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Pêcheur petit métier

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Utilisation de nasse par les pêcheurs professionnels pour la pêche aux poulpes.

Nasses utilisées pour la pêche aux poulpes.

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Nasses utilisées pour la pêche aux poulpes.

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Palangre utilisée par les pêcheurs professionnels

Palangre utilisée par les pêcheurs professionnels

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Palangre utilisée par les pêcheurs professionnels

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Pot à poulpe utilisé par les pêcheurs professionnels

Pot à poulpe utilisé par les pêcheurs professionnels

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Pot à poulpe utilisé par les pêcheurs professionnels

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité

Les filets sont constitués de milliers de mailles, aux tailles variables selon l’espèce ciblée. Il en existe de deux types : les filets maillants ou filets droits constitués d’une seule nappe et les filets trémails constitués d’au moins deux nappes. Dans le Parc les filets sont les engins les plus utilisés et servent pour pêcher merlu, rouget, sole, seiche et sparidés (dorades, pageots, galets).

Les nasses, appelées également casiers permettent la capture de congre et poulpe de roche en majorité, grâce à des appâts disposés dans le piège. 

Les pots à poulpe, comme son nom l’indique servent à capturer le poulpe uniquement. Les lignes de pots sont immergées pendant quelques jours avant d’être relevées par le pêcheur et sont généralement directement remis à l’eau. 

La palangre est une ligne d’hameçons appâtés calée sur le fond. Cette technique permet de remonter des individus relativement gros et en excellent état. Ce n’est pas l’engin de pêche le plus utilisé dans le Parc. Les espèces principalement ciblées sont le thon rouge (pour les pêcheurs possédant une licence de pêche spécifique à cette espèce), le bar, la dorade royale, et le pageot commun ou acarné.

Chalutiers, lamparos et thoniers

Ces activités sont devenues, avec la régression du poisson bleu, très minoritaires dans le Parc naturel marin. De plus en plus de réglementations européennes limitent leurs activités. Seulement 4 lamparos et 1 chalutier, répartis entre Port-Vendres et Barcarès, sont décomptés.

Les chalutiers, navires de 20 à 25 mètres, remorquent un chalut de forme allongée dont l’ouverture est assurée par des panneaux divergents. En réalisant des marées à la journée, les chaluts capturent des poissons pélagiques (sardine, anchois) ou de fond. Plus qu'un chalutier est rattaché à un port de pêche du Parc naturel marin. D'autres navires viennent d'autres ports français et espagnols exercer dans les eaux du Parc.

Chalutier au large de Saint-Cyprien

Chalutier en pleine pêche au large de Saint-Cyprien, suivi par des oiseaux marins

Marion Brichet / Office français de la biodiversité

Chalutier en pleine pêche au large de Saint-Cyprien, suivi par des oiseaux marins

Marion Brichet / Office français de la biodiversité

Pêche au lamparo

Canot équipé d'un projecteur utilisé pour la pêche au lamparo : ici, le canot du lamparo "Oued Souss"

Marion Brichet / Office français de la biodiversité

Canot équipé d'un projecteur utilisé pour la pêche au lamparo : ici, le canot du lamparo "Oued Souss"

Marion Brichet / Office français de la biodiversité

Les lamparos, navires de 15 à 18 mètres, tirent leur nom de la lampe avec laquelle, la nuit, leur embarcation annexe attire le poisson bleu (sardine et anchois notamment). De jour, le lamparo permet la capture de poisson de fond. 4 lamparos sont rattachés à un port de pêche du Parc naturel marin.

Les thoniers ont vu leur taille croître avec le développement de cette pêche en Méditerranée, favorisée par la demande du marché asiatique.

Dans le Parc, les unités atteignent 40 mètres de long et sont dotées d’équipement sophistiqué. Le thonier, tout comme le lamparo, utilise une senne tournante mais de bien plus grande taille. Il repère de jour les bancs de thons au moyen de radars à oiseaux, ou à vue, puis au moyen de sonars, et s’efforce ensuite de les encercler.

3 navires sont rattachés à un port du Parc. L'activité de pêche au thon s’exerce en dehors des eaux du Parc, dans tout le bassin méditerranéen et majoritairement au large des îles Baléares et des côtes libyennes.

Thonier senneur à Port-Vendres

Thonier senneur à Port-Vendres

Coraline Jabouin / Office français de la biodiversité

Thonier senneur à Port-Vendres

Coraline Jabouin / Office français de la biodiversité

Organisation de la production et des ventes

La production de la pêche est partiellement vendue sous halle à marée. Seule une partie de l’ancienne criée de Port-Vendres, fermée en 2014, est toujours en activité sur le périmètre du Parc. Toutefois, la majorité des transactions se font dans les criées alentours de Port-la-Nouvelle et de Llançà. Un camion réalise un ramassage des invendus des petits métiers depuis Port-Vendres jusqu’à Port-la-Nouvelle. 

Les pêcheurs petits métiers pêchent en moyenne 200 tonnes par an et privilégient les lieux de vente directe situés dans la plupart des ports qui les abritent : Port-Leucate, Port-Barcarès, Saint-Cyprien, Argelès-sur-Mer et Port-Vendres.

Ils trouvent également preneurs auprès de quelques restaurants du littoral, de poissonniers ou mareyeurs. Depuis peu, de nouveaux modes de vente en circuit court sont développés par les pêcheurs qui multiplient leurs ventes sur les marchés de producteurs ou par l’intermédiaire de points relais.

Port Le Barcarès

Port Le Barcarès

Frédéric Hédelin - www.photo-hedelin.com

Port Le Barcarès

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Port Leucate

Frédéric Hédelin - www.photo-hedelin.com

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Port de Saint-Cyprien

Port de Saint-Cyprien

Frédéric Hédelin - www.photo-hedelin.com

Port de Saint-Cyprien

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Port Argelès-sur-Mer

Port d'Argelès-sur-Mer

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Port d'Argelès-sur-Mer

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Gestion des pêches : une organisation à plusieurs échelles

Différents niveaux de contrôle

Les activités de pêche sont contrôlées par des dispositifs et instances de gestion se déployant du niveau local au niveau international.

  • Au niveau international, la commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) est une organisation régionale de gestion des pêches, rassemblant 23 pays membres qui se consacrent à la gestion des ressources halieutiques des eaux de la mer Méditerranée.
  • Au niveau européen, la commission européenne est chargée de l’élaboration et de la mise en oeuvre de la Politique Commune de la Pêche (PCP) dans les eaux européennes (dont la Méditerranée).
  • Au niveau national, ce sont les comités des pêches maritimes et des élevages marins qui constituent l’organisation de droit commun de la profession des pêches maritimes. Ce sont des organismes auxquels adhèrent obligatoirement les membres de la profession qui, quel que soit leur statut se livrent aux activités de production, de premier achat et de transformation.

Le territoire du Parc est rattaché au comité interdépartemental de l’Aude et des Pyrénées-Orientales et au comité régional Occitanie. Ce sont les interlocuteurs des pouvoirs publics et des élus, les représentants siègent au conseil de gestion du Parc et assurent la représentation et la défense des activités de pêche. Les délibérations des comités régionaux peuvent être rendues obligatoires par arrêté du préfet de région.

Les Prud'homies de pêche

Au niveau le plus local, les prud’homies de pêche, structures typiques de la Méditerranée, sont l’un des dispositifs les plus anciens d’organisation du métier de marin pêcheur. On en date la création au Xe ou au XIIe siècle.

Tout à la fois outils d’organisation professionnelle et tribunaux chargés de régler les litiges, ces prud’homies dont les adhérents sont les patrons pêcheurs sont particulièrement adaptées à la gestion de la pêche aux petits métiers. Elles souffrent toutefois de la désuétude des textes qui les fondent, de l’évolution des pratiques de pêche et du bouleversement des usages de la mer et du littoral.

Cette organisation, décentralisée et descendante de la gestion des pêches est appelée gestion conventionnelle. Elle s’appuie sur le déploiement d’outils de gestion en lien avec les politiques européennes et nationales pour la gestion des ressources halieutiques. L’un des moyens le plus connu est le quota, utilisé dans l’objectif d’atteindre un rendement maximum durable sur une pêcherie. Le rendement maximum durable est un objectif de gestion adopté par l’Union Européenne depuis 2002 qui vise à maximiser les captures sur le long terme sans affecter le processus de renouvellement des stocks.

En Méditerranée, cette gestion centralisée n’a pas porté ses fruits puisque encore 80% des stocks évalués sont surexploités et que pour la majeure partie des stocks aucune évaluation ne peut être faite en l’absence de données fiables sur les captures. 

La cogestion

D’autres modes de gestion et de gouvernance se développent en Méditerranée, avec une approche plus intégrée, partagée et ascendante telle que la cogestion développée en Catalogne. Cette adaptation au contexte méditerranéen est nécessaire pour soutenir la durabilité du secteur de la pêche qui connaît un fort déclin ces dernières décennies.

En ce sens, le Parc développe en partenariat avec le WWF-France le projet PESCOMED visant à développer un nouveau mode de gestion dans le Parc naturel marin.

Durabilité du secteur de la pêche

Les pêches artisanales telles que pratiquées dans le périmètre du Parc, apparaissent comme des modes d’exploitation potentiellement durables des ressources halieutiques. Le nombre d’emplois concernés, la consommation énergétique, la distribution des revenus, la qualité et la valorisation des produits de la pêche, ainsi que la diversité culturelle et l’importance sociale et économique des pêcheries artisanales sont ainsi des arguments qui plaident pour le maintien et le développement de cette composante importante de la pêche.

Toutefois des améliorations sont possibles et les scientifiques préconisent notamment de respecter les tailles réglementaires de capture afin de favoriser le bon renouvellement des espèces et d’éviter la capture d’individus ne s’étant pas encore reproduits. 

Pêcheurs français et pêcheurs espagnols

Les accords historiques passés entre la France et l’Espagne en 1967 autorisent pêcheurs français et espagnols à exploiter une zone s’étendant de 6 à 12 milles nautiques à l’intérieur des eaux territoriales, du Cap de Creus en Espagne au Cap Leucate en France. Ainsi, il est possible de rencontrer dans les eaux du Parc, des chalutiers, lamparos ou bien des navires petits métiers espagnols.

L'horizon à l'arrière d'un bateau
L'horizon à l'arrière d'un bateau de pêche

Andréa Sabbio / WWF - Office français de la biodiversité