Existe-t-il des anciens marécages à Argelès-sur-Mer ?

Le "Tamariguer" est un terme catalan qui signifie « marécage méditerranéen arboré de tamaris ». Ce dernier se situe sur le site "Embouchure du Tech et Grau de la Massane" de la Ville d'Argelès-sur-Mer (un site Natura 2000).

Fabrice Covato, animateur de la partie terrestre du site Natura 2000, présente cet espace peu connu, relique d'un passé pas si lointain.

Pourquoi parler de relique d'un passé pas si lointain ?

Avant le développement de la station balnéaire, Argelès-plage était un vaste marécage où grouillaient de nombreuses bestioles. Au moyen-âge et jusqu'au début du XXème siècle, on jugeait la zone insalubre. Puis, la mission "Racine" est passée par là, privilégiant les activités humaines, souvent au détriment de la nature. Le marécage s'est alors réduit.

Que peut-on y observer et quel rôle joue cette zone humide ?

C'est une zone humide méditerranéenne. La présence de l'eau y est temporaire en surface mais toujours affleurante en sous-sol : l'été, tout est asséché en surface. Le reste de l'année elle est plus ou moins inondée selon les épisodes pluvieux.

Elle joue un rôle majeur dans la prévention des inondations par récupération et rétention d’eau. Une eau qui peut être parfois légèrement saline du fait de la proximité de la mer (800 mètres) qui est reliée à la zone humide par une légère dépression favorisant cette circulation.

Ainsi, dans ce secteur préservé d’urbanisation, subsistent des habitats naturels et des espèces relictuelles : mélange de prés salés, fourrés de Tamaris et mares dites temporaires. Dans ces dernières, il est à noter la présence de plusieurs espèces d’amphibiens dont le Pélobate cultripède, crapaud aux populations devenues rares sur le littoral roussillonnais (seuls deux spots connus dans les Pyrénées-Orientales).

Qu'est-ce qui a été fait pour préserver le tamariguer ?

Il fallait mettre en adéquation la préservation des mares et l'utilisation des terres par un éleveur équin, notamment pour respecter la période de reproduction des amphibiens (mars-juillet), et limiter par ailleurs la colonisation de flore invasive comme l’Aster écailleux.

C'est ainsi que dès la première année de la convention de co-gestion entre le Parc naturel marin du golfe du Lion et la commune d'Argelès-sur-Mer, un partenariat avec l'éleveur a été conclu pour le sensibiliser à la présence et à la conservation des raretés écologiques : des clôtures ont par exemple été installées autour des mares pour éviter leur piétinement.

A la fin de l'été 2019, une action spécifique d'arrachage de l’envahissant Aster écailleux a été réalisée. Les bons résultats ont été bons et visibles dès 2020, cette action n'a donc pas été reconduite mais une veille est mise en place.

Les promeneurs peuvent-ils participer à la préservation de cette zone ?

Les visites pour le grand public ne sont pas compatibles avec la préservation du Tamariguer car c’est une zone refuge pour de nombreux animaux, notamment des oiseaux, surtout en été où le reste de la commune est très fréquenté par les touristes.
Mais à l'avenir, nous pourrions faire découvrir ce site par d'autres moyens comme des conférences.

Pour en savoir plus