Marie-Pierre Jézégou

Marie-Pierre Jézégou, ingénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM), chargée de la valorisation des biens culturels maritimes du littoral du Languedoc-Roussillon.

Pourriez-vous nous donner votre vision d’archéologue sur le littoral du parc naturel marin ?

En archéologie sous-marine, la nature des fonds est un facteur essentiel. Sur fonds sableux, les épaves sont rapidement englouties et mieux préservées contre les xylophages marins connus sous le nom de «tarets ». Mais les fonds rocheux étant plus fréquentés par les plongeurs, les découvertes ont été plus nombreuses au sud du littoral même si, malheureusement, les épaves ont été abondamment pillées entre les années 30 et les années 70. La majorité des épaves que nous étudions, en provenance du territoire du Parc, proviennent de Port Vendres. Ces navires, datant principalement du IIIe siècle avant notre ère au Ve siècle, ont fait naufrage près des entrées nord et sud de la passe alors qu’ils venaient s’y réfugier, par gros temps.

Patrimoine culturel

Marie-Pierre Jézégou, ingénieure d’études au DRASSM, à l'entrepot de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Marie-Pierre Jézégou, ingénieure d’études au DRASSM, à l'entrepot de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Que nous apprennent ces bateaux ?

Patrimoine culturel

Objets anciens de l'entrepot de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Objets anciens de l'entrepot de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Pour la plupart, il s’agissait de navires de commerce qui venaient s’abriter dans l’abri naturel de Port-Vendres. L’étude de leur cargaison nous a permis de préciser la nature des échanges à l’échelle du bassin méditerranéen, depuis le troisième siècle avant notre ère, donc avant la conquête romaine de la Narbonnaise. À l’époque, les futurs colonisateurs inondaient de vin la Gaule et l’Hispanie. Ce vin était stocké à Ampurias, près de la ville actuelle de Gérone, en Espagne. Les navires en repartaient avec des esclaves, des métaux, des fourrures... L’épave Port Vendres IV, datée du premier siècle avant notre ère, illustre la fin de l’hégémonie du vin italien : comme les navires qui l’ont précédée, elle transporte du vin italique, mais aussi du vin produit dans les régions de Gérone et de Barcelone. À partir de la fin du deuxième siècle avant notre ère, la province de Narbonnaise est conquise. La conquête se poursuit au milieu du Ier siècle avant notre ère avec la Gaule. Un commerce interprovincial se met alors progressivement en place avec des bateaux plus petits, adapté au cabotage, et des cargaisons plus diversifiées. Cependant, l’épave Port-Vendres I, qui date de l’an 400 environ, est un peu différente.

Comment cela ?

Ce navire transportait une cargaison majoritairement en provenance de la Bétique, actuelle Andalousie, constituée de poisson en saumure et de garum, une sauce d’huître et de poissons fermentée, très prisée à l’époque romaine. Il a sombré alors qu’il tentait de réparer une importante voie d’eau. On pense qu’il assurait un commerce d’importation directe à destination du grand port de redistribution qu’était alors Narbonne.

Port-Vendres, lieu d'histoire

Paysage de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Paysage de Port-Vendres

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Marie-Pierre Jézégou

Marie-Pierre Jézégou, ingénieure d’études au DRASSM

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Marie-Pierre Jézégou, ingénieure d’études au DRASSM

Lionel Pedraza / Hans Lucas