Mérou brun

Epinephelus marginatus

Epinephelus vient du grec epi signifiant sur et nephelus signifiant nuage. Le mot marginatus vient du latin margino signifiant border.
Etymologiquement, la robe du mérou est un ciel bordé de nuages, un ciel unique et propre à chaque individu.

 

Fiche d’identité

Nom scientifique : Epinephelus marginatus
Même famille que le serran chevrette !
Taille : 1,20m Poids : jusqu’à 50 kg
Longévité : peut atteindre 60 ans
Statut de protection : côtes françaises protection par moratoire reconductible
Statut de conservation : classé en danger (source UICN)
Aire de répartition : Méditerranée, Atlantique, Océan indien

Le mérou brun, une espèce emblématique du territoire

Mérou brun (Epinephelus marginatus) dans une faille, entourée de gorgones blanches (Eunicella singularis)

Emmanuelle Rivas

Mérou brun (Epinephelus marginatus) dans une faille, entourée de gorgones blanches (Eunicella singularis)

Emmanuelle Rivas

Critères d’identification

Sa silhouette en forme d’obus est massive. Sa couleur est très variable allant du brun-roux au gris avec des taches plus claires. Sa livrée peut changer du tout au tout selon son activité, son « humeur » et la nature du fond sur lequel il se trouve : il est capable, en effet, d’un mimétisme bluffant. Les taches claires qui entourent les yeux sont caractéristiques et permettent l’identification des individus. Les yeux : lorsqu’on se retrouve nez à nez avec un mérou, ce qui n’est pas rare en plongée sous-marine, celui-ci roule ses gros yeux proéminents et semble vous fixer tout en actionnant ses grandes nageoires pectorales. Le caractère « humain » dont on les affuble tient aussi à sa grande bouche ourlée de grosses lèvres. Les épines de son unique nageoire dorsale sont bien visibles. La nageoire anale présente également 3 épines apparentes. Sombres, les nageoires du mérou sont soulignées d’un liseré blanc, de même pour la caudale dont la partie terminale est très arrondie.

Habitat

Cette espèce sédentaire vit près des côtes sur des fonds rocheux comportant des abris, cavités, grottes. On peut le croiser jusqu’à 80 m de profondeur aussi bien en plein eau que posé sur le fond. Les juvéniles, quant à eux, se rencontrent près du littoral généralement dans des flaques d’eau de mer, très rares sur nos côtes.

Quel plongeur pourrait éclaircir le mystère local autour de la rareté des observations de juvéniles de 2 à 15 cm ? L’hypothèse selon laquelle ils ne trouveraient pas sur nos côtes l’environnement adéquate pour s’installer reste à démontrer. Une simple photo pourrait nous permettre d’éclaircir ce grand mystère local et faire avancer nos connaissances. Ouvrez l’œil plongeurs, car la confusion est possible avec un serran dont l’attitude curieuse est assez similaire à celle du mérou.

Mode de vie

Parfois solitaire, il s’observe aussi en groupes de plusieurs individus, notamment dans les espaces protégés où son naturel curieux et débonnaire reprend le dessus. Ce carnivore amateur de poissons et crustacés est également friand de céphalopodes tels que poulpes, seiches et calmars. Au lever et au coucher du soleil, il chasse à l’affût, surprenant ses proies.

Cette espèce est hermaphrodite protogyne, c’est-à-dire femelle pendant les premières années de sa vie (maturité sexuelle vers 4-5 ans), le mérou devient mâle quand il atteint une taille d’environ 60 cm (cette estimation est variable d’un groupe à l’autre mais c’est environ vers l’âge de 15 ans). La reproduction a lieu en été, période pendant laquelle les plongeurs peuvent observer des rassemblements. Les mâles, apprêtés d’une sublime livrée argentée, s’engagent alors dans de longues parades nuptiales. La fécondation s’opère en pleine eau à la tombée de la nuit. Les larves sont pélagiques pendant 2 mois puis les juvéniles se développent près de la surface. Comme souvent chez les poissons, les larves et les juvéniles ont une croissance rapide au début, puis celle-ci est plus lente.

Menaces et protection

Ce beau poisson débonnaire a bien failli disparaître de Méditerranée (prélèvements et pollution combinées). En 1993, le premier moratoire de protection visait uniquement la chasse sous-marine, dès lors nous avons assisté à une remontée progressive des effectifs notamment dans les aires marines protégées. En 2003, le moratoire a été étendu à la pêche à l’hameçon, les populations se sont alors renforcées même à l’extérieur des espaces protégés.
Aujourd’hui protégée par un moratoire valable jusqu’en 2023, cette espèce emblématique est interdite à toute forme de pêche hormis au filet.

Nos efforts doivent se poursuivre car, d’un point de vue économique et touristique, la plus-value que représente un mérou est de loin supérieure lorsque celui-ci est vivant (pareillement pour le corb). Par ailleurs, le mérou est situé au plus haut niveau de la chaîne alimentaire, ce qui en fait un indicateur de l’état écologique du milieu et de la ressource.
Ensemble, agissons pour préserver durablement le mérou brun de Méditerranée.

Si vous observez des juvéniles, nous sommes intéressés ! Merci de nous envoyer leur signalement et/ou une photo à : parcmarin.golfe-lion@ofb.gouv.fr