Samuel Villevieille

Samuel Villevieille, ethnologue, chargé de mission patrimoine maritime au conseil départemental des Pyrénées-Orientales

L’atelier des barques a été inauguré il y a dix ans, sur le site de l’usine de dynamite de Paulilles. Racontez-nous la genèse de ce projet.

En 2002, j’ai été recruté par le Département pour valoriser une collection composée de bateaux à voiles latines provenant de toute la Méditerranée, dotée du statut « Musée de France », et d’autres embarcations anciennes données par des propriétaires. En tout, il s’agissait de sauver une quarantaine de bateaux, de quatre à plus de dix mètres de long. Le choix s’est porté sur la création d’un chantier naval ouvert au public, ressuscitant des techniques et des savoir-faire anciens. Un musée vivant, en somme.

Samuel Villevieille

L'atelier des barques

Lionel Pedraza / Hans Lucas

L'atelier des barques

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Pourquoi s’attacher à sauvegarder ces vieux bateaux ?

Barque catalane

Barque catalane plage de Paulilles

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Barque catalane plage de Paulilles

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Ce sont de beaux objets, mais ils sont surtout riches d’enseignements. Les restaurer implique de se questionner sur la manière dont on construisait, naviguait et travaillait jadis. Cela incite à reproduire les gestes d’antan, voire à refaire usage du vocabulaire technique catalan, ou à retrouver de vieilles recettes de la mer ! Y embarquer est une expérience car, à bord, rien n’est superflu. Mais ces bateaux ravivent la mémoire d’une connaissance intime et profonde de la mer, que la technologie nous a fait oublier. Par exemple, ils n’ont pas tous la même forme, parce que d’un site de pêche à l’autre, la mer n’est pas exactement la même et que, d’une côte à l’autre, la manière de s’échouer n’est pas identique… C’est pourquoi ce patrimoine doit continuer à naviguer.

On ne vous reproche pas d’être nostalgique ?

Nous ne refusons pas les équipements modernes. Nous estimons, en revanche, que ce sont eux qui doivent s’adapter au bateau, non l’inverse ! Avec l’appui du Parc naturel marin, nous avons équipé une barque de dix mètres d’un bulbe propulseur placé sous la coque pour sécuriser les entrées et les sorties de port, en l’absence de moteur thermique. Il est invisible, et fonctionne à l'électricité, les batteries sont rechargées par l’énergie solaire. Au départ, personne n’y croyait, mais cela marche si bien que deux propriétaires en ont déjà équipé leurs voiliers de croisière. Les bateaux traditionnels leur ont ouvert la voie !

Atelier des barques

Restauration d'une barque

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Restauration d'une barque

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Samuel Villevieille

Samuel Villevieille, ethnologue, chargé de mission patrimoine maritime au conseil départemental des Pyrénées-Orientales

Lionel Pedraza / Hans Lucas

Samuel Villevieille, ethnologue, chargé de mission patrimoine maritime au conseil départemental des Pyrénées-Orientales

Lionel Pedraza / Hans Lucas