Joseph Hiard
Joseph Hiard, guide naturaliste, président et co-fondateur du groupe ornithologique du Roussillon (GOR 66)
Que sait-on des oiseaux qui fréquentent le territoire du Parc ?
Une grande partie des oiseaux dits « marins » - puffin des Baléares, puffin des Anglais, puffin yelkouans, grand labbe et labbe parasite, fou de Bassan… - fréquentent le périmètre du Parc mais ne s'y reproduisent pas : piscivores, ils restent au large et sont donc très difficile à étudier. Mais, avec l’équipe et les moyens matériels du Parc, il sera possible de mieux les connaître.
Que peut apporter cette connaissance ?
Les secteurs où ces oiseaux sont les plus abondants correspondent aux zones où il y a le plus de poissons, et l’étude des fluctuations de leurs populations pourrait renseigner sur l’état de santé des écosystèmes marins. Par ailleurs, en croisant leur répartition avec celles des navires, on peut mettre au jour d’éventuelles zones de conflits, ou, au contraire, des zones refuge où la faune est tranquille, et qui doivent être préservées…
Des refuges, c’est ce qui semble manquer aux espèces qui nichent sur le sable…
Malheureusement oui. Les œufs de gravelots à collier interrompu sont si mimétiques qu’ils finissent souvent sous le pied d’un promeneur. Quant aux sternes naines, si elles sont dérangées, elles retardent leur nidification, déjà soumise à pression de chasse des goélands qui cherchent de la nourriture pour leurs jeunes, au printemps. Or si elle est tardive, l’éclosion des jeunes coïncide avec l'arrivée du flux touristique sur les plages.
Comment protéger ces espèces patrimoniales ?
Les communes concernées ont balisé les zones où s’établissent les colonies, pour les sécuriser. Canaliser la fréquentation peut aussi porter ses fruits. C’est ce qui a été fait entre le Canet et Saint-Cyprien, où les cheminements dans les dunes ont été réduits de 150 à une vingtaine seulement. Mais certaines personnes, toujours les mêmes, s’entêtent à franchir les barrières, malgré de multiples opérations de sensibilisation. Lorsque quelques personnes font ainsi échouer la reproduction de toute une colonie d’oiseaux plusieurs années de suite, je pense que, malheureusement, il faut passer à des mesures plus énergiques, et les verbaliser.