Michel Moly
Michel Moly, président du Parc naturel marin du golfe du Lion et vice-président du conseil général des Pyrénées-Orientales jusqu'en juin 2021
Vous êtes un fervent défenseur du Parc marin depuis sa création. Dites-nous pourquoi vous y croyez ?
D’abord, le Parc est une structure locale, ce qui me plait bien. J’apprécie également le caractère moderne de son fonctionnement. C’est une structure au plus près des citoyens, où l’on peut débattre. Parfois, des tempêtes éclatent, mais le temps finit toujours par se calmer. Je ne connais pas d’autre instance qui rassemble des pêcheurs, des sportifs, des associations environnementalistes, des industriels, des scientifiques, les élus locaux et l’État, et qui leur permet de discuter ensemble… Le résultat, c’est qu’après seulement quelques années de fonctionnement, les pêcheurs « petits métiers » ne regardent plus les scientifiques comme des gens qui veulent les empêcher de travailler, tout simplement parce que le parc leur a permis de mieux se comprendre.
Qu’est-ce que le parc a accompli concrètement jusqu’ici ?
Beaucoup de choses ! La connaissance de l’environnement marin a été améliorée grâce à des études menées sur des sujets tels que les mortalités de grandes nacres, ou sur des espèces invasives, comme le crabe bleu ou une nouvelle caulerpe arrivée d’Australie... Le parc a également réalisé un état des lieux des populations d’oursins, qui a permis de proposer à l’État, qui l’a accepté, un règlement pour la pêche de cette espèce vulnérable. Il est également à l’origine de la démarche « Ambition littoral » qui l’a conduit à organiser, avec ses partenaires, divers ateliers et colloques sur le thème de l’érosion et du changement climatique, afin d’aider décideurs et citoyens à y voir plus clair sur ce sujet complexe. Le Parc œuvre également à une meilleure connaissance des déchets qui s’échouent sur le littoral, il a rendu possible un développement de l’énergie éolienne sur son territoire, respectueux de la biodiversité et des enjeux socio-économiques… Bref, rien de ce qui touche à la mer ne lui est étranger, y compris l’aspect culturel, auquel je tiens beaucoup, car il permet aux jeunes générations de s’inspirer de la richesse de l’histoire maritime de la Catalogne pour faire les bons choix pour l’avenir, en s’appuyant sur l’expérience de leurs aînés.
Qu’est-ce qui doit encore être amélioré ?
À la création du Parc, ses agents étaient sous la tutelle de l’Agence des aires marines protégées. Celle-ci est devenue, en 2017, l’Agence française pour la biodiversité, en absorbant plusieurs autres instances, puis l’Office français de la biodiversité, en 2020. Ce mouvement s’est accompagné d’un fonctionnement de plus en plus centralisé qui, je pense, est symptomatique d’une peur du « local », de la part de l’État. Or il y a peu de lieux de décision qui rassemblent autant de connaissances, de savoirs, de compétences et de passion que les parcs naturels marins. Il faut se rendre compte que les soixante membres du Conseil de gestion sont totalement bénévoles ! Leur engagement sans faille au service de la préservation de la mer dans ce périmètre grand comme le département des Pyrénées-Orientales est bien la preuve que l’on peut leur faire confiance. Évidemment, il est normal de rendre compte à l’État a posteriori, mais celui-ci doit nous montrer plus clairement cette confiance. C’est aussi pour cela que nous nous sommes battus afin que les parcs naturels marins gardent leur pouvoir d’avis conforme. Nous voulons décider localement, en toute responsabilité.